dimanche 14 mars 2010

les vampires envahissent NT1

Cinq ans après la naissance de la psychanalyto-libidineuse Nip/Tuck, une nouvelle série ose utiliser la sexualité de ses personnages comme élément central de leur caractérisation. Et force est de constater que la recette fonctionne toujours à merveille, surtout quand elle est revisitée par le brillant Alan Ball,scénariste d’American Beauty et créateur de la cultissime Six feet under. Il allie dans True Blood des thématiques qui lui sont chères, construction identitaire, interaction entre sexualité et angoisse de la mort, et un thème furieusement en vogue, le vampirisme

Cet Objet Télévisuel Non Identifié, entre thriller horrifique et comédie décalée, mêle avec subtilité romantisme gothique, érotisme torride et situations picaresques. Chaque épisode de cette fiction feuilletonnante est structuré comme un chapitre de roman (correspondant à une saison), et s’achève sur un cliff-hanger.

Ce parti-pris narratif n’a rien d’arbitraire puisque la série est adaptée des Sookie Stackhouse novels de Charlaine Harris, une saga qui compte déjà neuf tomes devenue, par l’entremise de son adaptation télévisuelle, un véritable carton d’édition.

L’action de True Blood se déroule dans une bourgade du sud des Etats-Unis. Depuis qu’ils se nourrissent de sang synthétique, les vampires y cohabitent pacifiquement avec les humains. Enfin, tout du moins en surface… L’héroïne, Sookie, une jeune serveuse télépathe, tombe amoureuse de l’une de ces créatures alors que la petite ville de Bon Temps est la cible de meurtres en série…

La thématique du vampire, est brillamment exploitée par Alan Ball pour analyser les mécanismes du racisme en général et de l’homophobie en particulier. Sous leur façade de parfaits péquenots, les personnages sont ambivalents en diables et génèrent tour à tour de beaux pivots narratifs. Dans cette bourgade, il n’est au fond question que de savoir qui couche avec un vampire, qui s’y refuse ou qui en rêve secrètement. Bien que l’auteur tire à boulet rouge sur une certaine Amérique, celle qui s’est construite dans un bain de sang, celle qui a élu Bush à deux reprises, la série a été saluée unanimement par la presse, et ce avant même de voir décoller ses audiences.

Fort du succès de la première saison de True Blood, HBO a sorti l’artillerie lourde afin de promouvoir sa suite, engageant à cette occasion pas moins de… six compagnies de communication / marketing! Après avoir créé Bloodcopy, un blog promotionnel entièrement dédié au show, la chaîne câblée a lancé de fausses campagnes publicitaires, soi-disant destinées à une cible vampirique, en partenariat avec des marques comme Geico, Gillette, Mini Cooper, Harley-Davidson… Cette vaste campagne marketing, très largement relayée sur le Net, s’est poursuivie dans les pages de prestigieuses publications américaines, notamment Vanity Fair.